Par Tracy Backus, directrice des programmes de développement durable, Teknion
L’année 2020 a été intense : la pandémie de COVID-19 a apporté son lot de changements, bouleversant au passage nos journées de travail, qui se passaient à 90 % à l’intérieur. Mais tout n’est pas qu’infortune, puisque s’est présentée l’occasion inédite de changer nos façons de faire en faisant place à la nature et à son pouvoir réénergisant.
Avant la pandémie, les journées se déroulaient à l’intérieur. C’était la voiture pour aller au boulot, puis la pause-dîner devant son écran, puis les heures qui s’étiraient jusqu’à tard le soir ou le saut à la salle d’entraînement. Tout se faisait dans un environnement bâti, sans air frais ni lumière naturelle, ce qui bien souvent ne faisait qu’exacerber nos problèmes de santé physique et mentale (fatigue, perte de motivation, stress, épuisement).
Heureusement pour les travailleurs, la conception de lieux de travail au profit de l’humain et du mieux-être est devenue d’actualité. La recherche et les données le montrent : ces éléments doivent être pris en compte pour que l’on puisse améliorer le bien-être au travail. Les nouvelles informations commencent ainsi à changer les mentalités, et l’on constate l’importance du design biophilique pour le milieu bâti.
Alors que les espaces intérieurs commençaient à intégrer murs végétaux, installations aquatiques et textiles à motifs biophiliques, le monde a subitement dû se confiner, abandonnant le bureau pour le télétravail. Et c’est là qu’on a vu quelque chose de merveilleux se produire. Nous avons pu mener nos propres recherches et établir un contact direct avec la nature.
La majorité des gens sont d’abord restés à l’intérieur, loin des autres et des endroits autrefois fréquentés. Or l’effet ne s’est pas fait attendre : fatigue, déconnexion (sauf en conférence vidéo), déclin de la santé. En temps de pandémie, l’anxiété et le stress se sont mis à prendre plus de place que jamais. L’humain n’a pas tardé à tourner son regard vers l’extérieur, avide d’espaces ouverts, de jardins, de parcs, bref, de lieux d’évasion et de calme. Avez-vous remarqué combien le ciel était bleu? Combien les fleurs rivalisaient de couleurs? Combien d’abeilles pouvaient investir les lieux? Mais surtout, avez-vous pu vous sentir mieux? Avez-vous senti un effet réparateur? On appelle cette communion avec la nature la « biophilie », ou l’amour de la nature. Ce concept n’a rien de nouveau. Il a seulement été oublié dans le tourbillon routinier d’avant la pandémie.
Vous avez sans doute déjà entendu parler de « design biophilique ». Autrefois réservé au milieu de l’architecture, ce terme prend une place grandissante dans l’espace public. Désignant la communion instinctive avec la nature et les êtres vivants, le mot « biophilie » vient des mots grecs « vie » et « amour », ou « affection ». Il signifie donc « amour de la vie ». Mais la biophilie, c’est plus qu’une philosophie. Il a été démontré que le design biophilique favorisait la fonction cognitive, la santé physique et le mieux-être psychologique. Voilà pourquoi vous vous sentez mieux après une promenade, après avoir foulé l’herbe ou après une baignade dans l’océan. Sortir dans la nature, c’est vivre une communion mentale et physique et accroître son bien-être.
Ce qui est extraordinaire avec la biophilie, c’est qu’au-delà de la recherche des grands espaces, il y a aussi d’immenses bienfaits pour qui veut profiter des pouvoirs réparateurs de la nature. Des études ont associé l’expérience de la biophilie à une baisse du taux de cortisol, de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque, sans compter une meilleure créativité, une concentration accrue, un meilleur sommeil, une réduction de la dépression et de l’anxiété, une plus grande tolérance à la douleur et même une réduction du temps de récupération après une chirurgie.
De plus en plus de travaux montrent que les bienfaits de la nature sont quasi instantanés. Le calcul est simple : sortez du bureau pour aller en nature, et vous dormirez mieux, abaisserez votre pression artérielle, diminuerez votre stress, renforcerez votre système immunitaire et ressentirez moins de douleur.
Un monde en constant changement amène son lot d’incertitudes, mais une chose demeure : nos bâtiments influent directement sur notre bien-être psychologique, biologique et sociologique. À l’heure où l’on songe à un retour au bureau et aux espaces publics, il sera crucial d’appliquer les leçons tirées du contact avec la nature et de son rôle dans la santé et le mieux-être.
Tracy Backus
Directrice des programmes de développement durable, Teknion